Exposition Au milieu des choses, IN MEDIAS RES de Benoit BlanchardExposition Au milieu des choses, IN MEDIAS RES de Benoit Blanchard

 

Comme dans la littérature ou le théâtre « IN MEDIAS RES » signifie placer le lecteur au milieu d’une action qui sera relatée qu’après coup ; dans cette exposition l’artiste relate d’une vision presque scientifique des choses qui ont déjà vécus. Une façon poétique de raconter l’histoire d’une œuvre par son interprétation.

 

L’artiste Benoit Blanchard est à l’honneur dans la somptueuse galerie Gradiva, pour une exposition lisse, gommée de toute trace nommée « au milieu des choses, In Medias Res ». Dessins scrupuleux de mouches mortes dans un polyptique qui occupe les murs de l’entrée du deuxième étage de la galerie. Comme une route de mouches écrasées sur le papier blanc, l’artiste donne à penser que les mouches n’ont pas finis de s’incruster dans ce papier. Dans le rôle de l’entomologiste, il observe une scène d’après-guerre qu’il retranscrit par le medium de la mine de plomb. Chaque détail y est, on voit des bouts de membres, et on entendrait même le bruissement de leur souffrance.

 

Passé la cloison de la première pièce, les insectes sont déjà loin derrière, on est face aux choses telles qu’elles sont, faites de simples traits. Dans les cadres blancs encadrant les dessins de la pièce, quatre séries d’œuvres se percutent. Une scénographie pratique qui suit l’enjeu des œuvres posées au sol.

La commissaire d’exposition Fanny Lambert propose de mettre ces trois œuvres de la série Relevé au sol par manque de place sur les murs. Des dessins de poutres en bois vieillis, rongées par le temps et les aléas de la vie. Elles sont entassées car sans savoir qu’en faire. Analysé de tout son long, l’expérience de la vie d’une poutre est marquée sur ses cicatrices.

 L’artiste/scientifique, ici, observe la poutre en bois et dessine la moindre caractéristique qui fait d’elle une unique pièce. Elles sont à l’abandon au milieu d’une voie de passage, on les regarde dépérir dans un espace chic qu’est la galerie Gradiva.

Dans cette salle les dessins se font face, d’un côté on présente des feuilles dépliées sur on fond rythmique de lignes horizontales, d’un autre coté des formes en volumes rouge issu d’observation de buche de bois en combustion à échelle un.

Biologiste dans une autre vie, Benoit Blanchard revisite les éléments de ses yeux et de ses mains. Il leur donne un second souffle, une vision différente comme pour sauvegarder l’unicité des sujets de ses œuvres. Seul la peinture isolée sur un mur déstabilise l’écosystème de ces formes soignées sur fond de blanc immaculé. Pour introduire la série Correction et Fragments, cette peinture à l’huile d’un verre à moitié vide aux traits grossiers et à la couleur grise nous plonge dans une ambiance plus sombre mais reste néanmoins dans l’observation des choses les plus cachées.

La technique picturale de l’artiste nous amène dans l’intimité du sujet. Des portraits pales qui ne transmettent aucune lumière mais parlent d’eux même. On observe leur expression de mélancolie ou de solitude. Ils se transforment en sculpture, que nous observons et interprétons selon l’expression de leur visage.

Parmi cette série de portraits peints dans la pierre, des sculptures sont brisées comme ayant trop attendu sur cette toile. Les couleurs du fond des peintures font ressortir l’histoire muette des personnes représentées. Un dialogue se fait, entre les peintures et les spectateurs, aux allures de confession.

Une belle harmonie se retrouve dans le placement des œuvres, qui arrive à faire coexister indépendamment les peintures les unes des autres. On choisit de faire durer le jeu de regard avec l’œuvre qui nous parle le plus sans craindre la jalousie de ses voisines.

 

Les + : Une exposition poétique, qui nous fait aimer le dessin qui apparait rarement sur la scène de l’art contemporain. Un artiste très ouvert aux questions et aux interprétations que l’on fait de ses œuvres. Une commissaire d’exposition qui a su voir à travers l’unicité des œuvres. Le lieu presque luxueux de la galerie Gradiva qui est en face du Musée du Louvre. Un sentiment de prestige nous envahie jusqu’à la dernière salle de la galerie où est exposé une collection d’artistes de l’art moderne. Un texte parfaitement écrit de Fanny Lambert donner à l’entrée de l’exposition.

Les - : On veut des œuvres encore plus subtiles, qui vacillent entre relevés scientifique et dessins d’artiste.

 

Galerie Gradiva, 9 quai Voltaire, 75007, Paris.

Ouverture du Lundi au Vendredi, de 10h à 18h30

Tarif : gratuit.

Site internet de l’artiste : http://benoitblanchard.fr/

Site internet de la galerie : http://galeriegradiva.com/

 

 

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